Beethoven a composé sa Neuvième Symphonie alors qu’il était presque complètement sourd. Cai Glover est malentendant. Sur scène, il choisit de danser sans son aide auditive. Que disent nos sens — ou leur absence — sur notre manière d’habiter le monde ? Et surtout, comment nous guident-ils au-delà de nos différences ?

 En 2016, Hélène Blackburn signait 9, une œuvre phare du répertoire de Cas Public. Inspirée par le parcours singulier de Cai Glover, danseur malentendant ayant œuvré au sein de la compagnie pendant plus de dix ans, la chorégraphe engage avec lui une réflexion profonde sur la perception, le langage et la différence. Véritable muse de ce projet, Cai n’est jamais simple sujet, mais acteur à part entière d’un processus créatif fondé sur l’écoute réciproque. Ensemble, ils ont posé les fondations d’une œuvre où l’inclusion ne se décrète pas, mais se vit dans un dialogue constant — un chemin partagé vers l’universel.

Huit ans plus tard, 9.2 – marque une nouvelle étape dans cette aventure. Transmise à Cai Glover— désormais co-chorégraphe —, cette recréation conserve l’essence de l’œuvre tout en y posant un nouveau regard, forgé par l’expérience, la maturité, et une compréhension intime du propos. Ensemble, Blackburn et Glover revisitent la partition scénique avec rigueur et poésie, sculptant un espace où les repères sensoriels se troublent, où la lumière se joue de la perception, et où chaque mouvement devient porte-voix.

Dans cette relecture physique et viscérale, la Neuvième de Beethoven — elle aussi revisitée — épouse le vocabulaire contemporain de Cas Public. 9.2 invite tous les publics, petits et grands, à franchir les frontières du silence, à faire de l’absence un point d’ancrage, et à reconnaître en chaque corps, chaque parcours, un langage en puissance.